«
Arrêtez de vous masturber, baisez! »
Quoi de mieux qu’une bonne métaphore pour
illustrer une idée complexe. « Arrêtez de vous masturber, baisez! » est la
réplique d’une metteure en scène tentant d’expliquer à un duo de comédiens une
notion fondamentale qui concerne l’interprétation théâtrale et qui est
peut-être inhérente à toute forme de création. La masturbation, c’est le
plaisir ressenti en pleine zone de confort, en terrain connu. C’est comme la
peinture à numéro : tu suis le parcours défini pour découvrir un dessin qui n’a
rien de bien surprenant. En revanche, quand on « baise », on se met à l’écoute
de l’autre qui nous conduira forcément dans des zones inconnues de notre être
et qui sera lui-même transporté dans un ailleurs qui n’existe que dans et par
cette rencontre. Baiser, c’est se mettre en danger. Ce qui fait que les
amoureux sont merveilleux, ce n’est pas la beauté ou l’intelligence de l’un et
de l’autre. C’est le lien qui les unit. Pour moi, l’écriture collaborative,
c’est ça. Bien sûr que je sors de mes pantoufles même quand j’écris seule, bien
sûr que je tremble sur ma chaise alors que les mots font craquer mes idées.
Mais avec Pierre et Anick, l’état dans lequel l’acte de créer me plonge
forcément devient la chair même de l’écriture. Le premier thème que vous
découvrirez dès mercredi, « Ce qui nous enchaîne », témoigne pour moi justement
du choc des univers poétiques. « Ce qui nous enchaîne », c’est ce qui d’un seul
geste nous emprisonne et nous permet de tenir. Posture insoutenable et
salvatrice. Big bang destructeur ou générateur de vie qui nous déchire, nous
répare et nous amplifie.
À
mercredi!
- Mylène
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