Portrait et mensonges

Ça s'écrit jusqu'où un écrivain? Je me le demande. Me mettre à écrire devant le public comme si je me donnais en spectacle, ça m'amène sérieusement à me questionner sur ce qu'on livre de nous, ce qu'on choisit de ne surtout pas livrer, ce qu'on essaie de dire, ce qui sera interprété. On a du pouvoir sur les mots, puis sur la syntaxe, les transgressions du langage, mais par rapport à l'essentiel, le discours lui-même, on s'impose nécessairement des limites inconscientes. Oui, c'est vrai que les gens de l'entourage ont quelque chose à voir avec ce qu'on a à dire, parce que s'offusquer du bruit de la tondeuse du voisin trop de bonne heure un samedi matin, devenir agressif à l'épicerie parce que c'est juste trop long dans la file, que les paniers courent dans le stationnement, que le parking de femme enceinte est pris par un ti monsieur qui attend sa tite madame indéniablement pas en bedaine, oui c'est vrai, ça donne envie à l'écrivain d'écrire. Alors. On tape des vers, des strophes, comme des portraits, pleins de vérité, mais peinturés en mensonges parce que non, on ne veut pas. On ne veut surtout pas que Joe Blo se reconnaisse!
-Anick




2 commentaires:

  1. Un texte pour réfléchir...Ça va tellement dans le sens de ce qu'on discutait ce matin...

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  2. Notre inconscient utilise un filtre dans les instants où nous livrons une part de soit par peur du jugement de celui qui reçoit tous ces mots.
    Bravo pour ce beau projet qui prend naissance sous nos yeux.
    J'aime vous lire...

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